Portrait corporatif – L’expression

Le portrait corporatif

 « Mona… Donnes-moi un sourire ! »
-Da Vinci à son modèle…

L’expression est définitivement la pierre angulaire du portrait corporatif, car elle révèle la personnalité du modèle et la portée communicationnelle de l’image. La plupart des gens présentent, en début de séance, un « cheese » conditionné par des années de photos d’anniversaires et de partys de bureau. C’est un point de départ. Néanmoins, un portrait corporatif réussi doit nécessairement présenter une expression intense, fidèle à la personnalité du modèle et sincère dans ses intentions.

Le travail du photographe consiste à expérimenter avec le photographié, afin de dégager ce qui lui convient le mieux plastiquement. Sourire ouvert ou fermé, ouverture des yeux, regard à la caméra ou hors cadre, etc. Souvent, il m’arrive de travailler l’expression avec le modèle devant un miroir, afin de trouver « biomécaniquement » son expression idéale. On lève un sourcil ici; on pince les lèvres un brin; on respire un coup et hop… je déclenche au moment opportun. J’ai environs ½ seconde, suite à une profonde respiration du modèle, pour saisir une expression qui paraisse naturelle. Outre cela, on ne peut étirer en longueur une séance de portrait, car les muscles du visage (tout comme l’intérêt du modèle) se fatiguent rapidement. Plus on avance, plus il est difficile de garder le naturel d’une même expression. Le secret est de varier.

 Les yeux sont le miroir de l’être, ou à tout le moins, le reflet des états d’âmes.

Pour le portrait corporatif, je m’assure impérativement d’obtenir authenticité et franchise dans le regard du modèle. Il arrive d’ailleurs bien souvent que le sourire ne concorde pas à l’expression des yeux. Que les babines ne suivent pas la rétine si vous voulez. Le sourire est présent, joli, éclatant, mais le regard dit autre chose. C’est ce qu’on appelle un sourire forcé; une bouille de colporteur. C’est au photographe de réconcilier la pupille à la lèvre. J’oriente donc rapidement le modèle à porter attention à sa respiration, à son niveau de confort physique et mental et à son degré de stress. Nous cherchons ensemble des images mentales, des souvenirs, des blagues ou des sujets qui servent de focus émotif, pour échafauder l’expression. C’est délicat, risqué, ça peut prendre un certain temps, mais ça marche.

On sait qu’on a réussi quand le modèle regarde l‘image à l’écran et dit : « Oui ! Je l’aime bien celle là… C’est moi ça ! »